Bambous : Applications et culture
Une dose de législation ne peut pas faire de mal. Il est une loi dans notre pays qui dit qu'une plantation haute de moins de deux mètres est susceptible d'évoluer jusqu'à la limite de propriété. En revanche, si cette plantation dépasse deux mètres, elle doit être en recul de deux mètres par rapport à cette limite. Cela s'applique à toute plantation ou haie et bien que le bambou ne soit finalement qu'une herbe, il en demeure toutefois concerné par cette loi.
Avant de se lancer dans une telle réalisation, il est toutefois bon de se poser quelques questions préalables.
Quelle sera la hauteur finale désirée ? En combien de temps ? Choix des bambous ?
Quelle sera l'exposition ? Plein soleil, plein vent ?
Calcul du nombre de sujets nécessaires à la réalisation d'une haie de bambous
Entrez ci-dessous le nombre de mètres linéaires, puis cliquer sur "Calculer":
Il est judicieux de positionner les sujets en quinconce dès lors que la largeur de la haie peut être supérieure ou égale à deux mètres.
Pour des bambous en pots supérieurs à 7.5 litres, on peut, bien entendu, augmenter la distance entre 2 sujets et inversement pour des pots inférieurs à 7.5 litres..
Un bambou non-traçant est appelé ainsi parce qu'il produit des
rhizomesRhizomes: Tige souterraine ou affleurante généralement horizontale émettant des racines et des tiges. Il peut être long et fin (leptomorphe) pour les bambous "traçants" ou court (pachymorphe) pour les bambous "non-traçants"..
très concentrés sur lui même. Le col de ces rhizomes est très petit et la plante génère plusieurs
chaumesChaumes: Tige aérienne des Poacées (graminées) ; le chaume est creux le plus souvent, sauf au niveau des noeuds.
très resserrés, elle est alors dite
cespiteuseCespiteux: Qualifie une plante qui croît en formant des touffes. Ce terme désigne également un type de bambou dont les rhizomes ne sont pas traçants tel les Fargesia.
Ces bambous sont principalement représentés en France par le genre Fargesia qui comporte environ 50 espèces d'origines asiatiques, montagneuses pour la plupart.
Ces bambous sont persistants, généralement plus petits, entre 80 centimètres et 5 mètres suivant les espèces et ils sont beaucoup moins vigoureux que les bambous traçants. Ils préfèrent généralement une exposition à la mi-ombre, sauf pour quelques-uns d'entre eux qui tolèrent le plein soleil..
La réalisation d'une haie à base de Fargesia est simplifiée à l'extrême, et ne nécessite pas de travail préalable. La hauteur adulte est atteinte au minimum 4 ans après la plantation. La taille, possible sur de tels bambous, se pratique facilement en été.
Un bambou traçant est un bambou qui génère des rhizomes longs et fins, dans toutes les directions à partir de son pied. Il n'a strictement aucune idée de ce que sont les règles qui régissent un Plan d'Occupation des Sols, ni même de celles du cadastre.
Ces bambous sont principalement représentés en France par le genre Phyllostachys, mais aussi par les genres Pleioblastus, Pseudosasa, Sasa, Semiarundinaria ainsi que quelques autres.
Ces bambous sont persistants, leurs hauteurs varient entre quelques centimètres et 30 mètres dans leur pays d'origine. En lorraine, on peut cultiver des bambous traçants depuis 40 centimètres jusqu'à 8 ou 9 mètres de haut. Ils sont tous très vigoureux et supportent très bien une situation ensoleillée.
La réalisation d'une haie à base de bambous traçants nécessite éventuellement la mise en place d'une barrière anti-rhizomes préalablement à la plantation, garante de la non-prolifération des bambous.
Cette barrière, faite de plastique noir imputréscible, épaisse d'1 mm et haute de 70 centimètres, est placée comme le montrent ces photos.
Calcul du diamètre de la Barrière Anti Rhizomes (BAR)
Réalisation d'une haie pare-soleil à Strasbourg. Le but étant d'atténuer les rayons du soleil afin d'abaisser la température estivale à l'intérieur du bâtiment.
Le principe reste le même. Il faut veiller soigneusement au choix des espèces résistantes au vent ou aux embruns.
Le bambou, comme tous les végétaux dits "élevés", consomme du CO² et libère de l'O².
Il consomme jusqu'à 12 tonnes de CO²/an/hectare (3 tonnes pour une forêt de feuillus). Il libère donc 30% d'oxygène de plus que des arbres.
Etant donnée sa vitesse de croissance, il constitue un rapide réservoir d'oxygène.
Dans le cadre d'un futur impôt "Carbone", on ne saurait donc être mieux inspiré que de posséder une bambusaie.
En outre, le bambou possède la faculté physiologique de fixer ou de pomper du sol certains polluants organiques et minéraux (phosphore, azote, cuivre...).
Il rentre ainsi dans la catégorie des végétaux dépolluants, au même titre que le Miscanthus ou le roseau (Phragmites).
De plus, sa biomasse participe au stockage du carbone et de façon induite, sa végétation abondante fournit une grande quantité de Matière Sèche (entre 20 et 40 tonnes de MS/an/hectare) qui devient disponible pour de nombreux débouchés industriels (textile, bois,...).
Jusqu'alors, le bambou était utilisé comme un épurateur de produits vinicoles. Le principe étant simple, on épand les eaux usées issues des nettoyages de cuves et matériels viticoles sur un champ de bambou qui fixe essentiellement le Cuivre avant rejet strictement propre dans la nappe phréatique.
On peut encore aller un peu plus loin. En janvier 2008 fut inaugurée à Vezins (49) la première station d'épuration entièrement écologique à base végétale pour 2300 habitants.
Les roseaux assurent l'épuration des effluents dits "frais", un lagunage chargé de bactéries naturelles traite une partie de l'Azote et du Phosphore. Les bambous finalisent la dépollution en traitant les parties complémentaires azotées et phosphorées.
Détails de la station : 3000 m² de roseaux, 1.2 hectares de lagunes et 1.1 hectares de bambous.
Soit 2.6 hectares qui sont consacrés à ce traitement pour un coût de 1.3 M€, très largement subventionné à 56% .
Besoin par habitant : surface :11 m² pour un coût de 565€.
Prévoir un bac sans réserve d'eau, bien évidemment troué, mesurant au minimum 50 cm de profondeur sur autant de largeur. La longueur est dépendante du nombre de sujets à planter. Veiller à l'écoulement de l'eau : le fond doit être drainé éventuellement avec du gravier. Placer la motte du bambou et combler avec du terreau universel.
Arroser à la plantation, ainsi qu'en cas de chaleur et de sécheresse. Lorsque la motte aura pris de la consistance et de la hauteur, elle nécessitera une relative surveillance quant au rythme des arrosages. Mais il demeure essentiellement dépendant du volume du pot que l'on aura bien voulu consacrer au bambou. La saturation en eau est quelquefois fatale à un bambou (cf section plantation), tandis que si la sécheresse provoque l'enroulement des feuilles (phénomène fréquent en hiver), il faudra alors arroser sans inondation.
Pas de maladie connue dédiée au bambou, sur ce point, nous sommes tous d'accord.
En revanche, les ravageurs existent, sont peu fréquents, agissent à différentes périodes mais ne mettent pas la plante en danger, exception faite des mulots (des mulots de pleine terre...).
La limace : depuis quelques années déjà, les attaques de limaces sont féroces sur les turions les plus tendres, notamment sur les Fargesia, Phyllostachys violascens et bien d'autres. Elles ne parviennent pas à éradiquer un turion mais dès lors qu'elles ont creusé suffisamment, elles s'engouffrent et dévorent de l'intérieur un turion infiniment plus tendre. Puis le turion grandit et la limace monte avec lui, jusqu'au durcissement du chaume qui casse à cet endroit précis, la limace tombe avec le chaume. Un spectacle extrêmement désolant.
Le puceron : on constate des attaques clairsemées, favorisées par la chaleur et une mauvaise aération. Le miellat exsudé par les pucerons couvre les feuilles qui noircissent dans les cas les plus extrêmes. C'est alors de la fumagine qui confère au bambou une apparence douteusement sombre, mais cela ne l'affecte que dans cette apparence.
La cochenille farineuse : principalement induite par une mauvaise aération, la cochenille couvre principalement les insertions foliaires d'une poudre blanche quelque peu étouffante.Elle s'en va généralement comme elle était venue lorsque les conditions d'aération reviennent à la normale. Il existe néanmoins des produits biologiques, on peut aussi faire des crêpes avec la farine.
Peu d'entretien, pailler le sol autour de la motte les deux premiers hivers. Couper les chaumes secs (donc morts), au ras du sol pendant l'été. Au cours de la 2 ème saison, il sera peut-être nécessaire d'apporter au bambou un peu d'azote, sous toutes ses formes possibles, notamment sous la forme d'engrais pour gazon.
L'éventuelle taille d'entretien peut être pratiquée dès le mois de juin, alors que tous les chaumes sortis de terre aux mois d'avril et mai sont à leur apogée.
Prévoir un trou deux ou trois fois plus important que le pot d'origine (hauteur + largeur). Disposer une couche de terreau au fond éventuellement accompagné de fumier si le sol est pauvre, puis positionner la motte et combler les côtés avec un mélange de terre + terreau. Prévoir une cuvette d'arrosage.
Bien arroser à la plantation et pendant la saison en cours. Préférer un arrosage abondant et espacé plutôt qu'un arrosage fréquent et léger. Une surveillance sera nécessaire durant les 2 années suivantes. Veiller à ne pas saturer la motte en eau, ce qui pourrait entraîner, en sol argileux, le pourrissement des racines. L'arrosage est donc subtil, il n'en faut ni trop, ni trop peu. Lorsque le bambou sera implanté (il faut compter au moins deux saisons), son pouvoir de développement racinaire lui apportera son autonomie en besoins d'eau.
L'araignée rouge : insecte pratiquement invisible à l'oeil nu. Les larves pondues piquent les feuilles dont la marge devient jaune brun. Affecte temporairement l'aspect du bambou.
La limace : depuis quelques années déjà, les attaques de limaces sont féroces sur les turions les plus tendres, notamment sur les Fargesia, Phyllostachys violascens et bien d'autres. Elles ne parviennent pas à éradiquer un turion mais dès lors qu'elles ont creusé suffisamment, elles s'engouffrent et dévorent de l'intérieur un turion infiniment plus tendre. Puis le turion grandit et la limace monte avec lui, jusqu'au durcissement du chaume qui casse à cet endroit précis, la limace tombe avec le chaume. Un spectacle extrêmement désolant.
Le puceron : on constate des attaques clairsemées, favorisées par la chaleur et une mauvaise aération. Le miellat exsudé par les pucerons couvre les feuilles qui noircissent dans les cas les plus extrêmes. C'est alors de la fumagine qui confère au bambou une apparence douteusement sombre, mais cela ne l'affecte que dans cette apparence.
Le mulot : ces petites bêtes ont la fâcheuse tendance à grignoter les racines du bambou, ce qui peut lui être fatal, à fortiori si la plante est jeune. Lorsque l'on est face à cette malheureuse rencontre, il est préférable de cerner la motte d'un grillage aux mailles adaptées.
Fertilisation : le bambou a un besoin d'azote, sous quelque forme que ce soit, nous conseillons à cet égard, un apport de fumier de cheval, préférer alors un crottin frais, c'est-à-dire encore un peu paillé, à un fumier trop décomposé. La période d'épandage favorable de cet engrais se situe, dans nos régions, entre mai et août.
Hivernage : avant le premier hiver, il convient de pailler (feuilles mortes, écorces, etc. ) le sol au pied des bambous. L'effet obtenu est tout autant une protection contre le froid et la transpiration de la motte. Au bout de quelques années, la protection se fera seule, grâce aux gaines et aux feuilles mortes des bambous qui tapisseront le sol.
Un chaume a une durée de vie de 7 ou 8 ans, il devient donc jaune et sèche sur pied. Il convient alors de le couper au ras du sol en automne.
Limitation du développement : selon les espèces et le type de sol, le bambou a une tendance plus ou moins prononcée à s'épanouir dans le sol. Si la place manque ou si cet épanouissement pose un éventuel problème de voisinage ou d'envahissement non désiré, il faut alors limiter cette expansion dès la plantation par des moyens simples.
Les passages intensifs, un sol lourd, une tonte, auront pour effet, une quasi-renonciation du rhizome à rentrer dans de telles zones, il aura donc tendance à se concentrer sur lui-même.
Une tranchée à ciel ouvert de 40 cm de profondeur ou un passage d'eau sont des barrières infranchissables.
On peut également enterrer, autour de la motte, de la Barrière Anti-Rhizome (BAR, voir plus haut section Haie de bambous). Il est également possible, par exemple, d'enterrer une poubelle, dont on retire préalablement le fond, pour obtenir la même efficacité coercitive.
Si, par hasard, il était impossible de contenir ce développement, il est fortement conseillé alors de se procurer, pendant qu'il en est encore temps, un spécimen de Panda géant, dont l'alimentation est exclusivement composée de bambous. Ce sera en plus, un beau geste pour la conservation du patrimoine naturel qui nous est cher.